Rencontrer L'Arche
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🇨🇵 🇧🇪 Trois semaines à Lviv et un peu plus …
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🇨🇵 🇧🇪 Trois semaines à Lviv et un peu plus …

épisode 13 | carnet de voyage
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Samedi 2 octobre 2021

Cher.e.s ami.e.s,

Le mois de septembre est notre mois de l’Ukraine. Nous quittons la Pologne et l’Union Européenne pour entrer en territoire ukrainien, après un passage de frontière long et éprouvant. Dans les pays précédents, nous avions une petite idée de ce qui nous attendait, quelques images et souvent quelques préjugés vite effacés. Mais de l’Ukraine, nous ne connaissions rien. Pas d’image à laquelle nous raccrocher. Tout était nouveau. Tout était surprenant. La langue, comme dans chaque nouveau pays. La monnaie bien-sûr, est-ce beaucoup 1600UAH lorsque nous faisons nos premières courses ? Mais aussi, et c’est peut-être le plus impressionnant, l’alphabet qui nous empêche d’imaginer la sonorité des mots. Vous devenez d’un seul coup ceux qui n’ont jamais appris à lire.

Progressivement, nous nous sommes habitués. 28UAH le litre de diesel, 7UAH pour un épi de maïs à griller et 24UAH pour une tablette de chocolat. 2 bouteilles de 6 litres d’eau par jour, le respect de la parole donnée, les bouchons en centre-ville, les rues pavés, les trams et leur rails, les grands pots de yaourts, et les trottoirs qui se remplissent de vendeurs de fruits, de légumes, de lait et d’œufs chaque matin.

La découverte de la communauté commence par une chaleureuse journée communautaire au sanctuaire des ours de Domazhyr. Nous retrouvons les sourires, les chants, les blagues et l’accueil inconditionnel des core-members. Oui, nous sommes vraiment arrivés dans une communauté de L’Arche. Bogdan, le sourire éclatant, tape dans nos mains pour nous souhaiter la bienvenue avec quelques mots d’anglais. Roman nous lance fièrement un « bonjour » (en français !) en roulant ses « R ». Il connaît aussi le « Notre Père » et « Je vous salue, Marie » en français. Nous sommes impressionnés. Barthélémy nous en reparlera jusqu’à la fin de notre séjour. Plus tard, grâce aux films tournés par L’Arche International, nous découvrons l’histoire incroyable, bouleversante, de Bogdan né avant l’Indépendance.

Comme toutes les personnes porteuses de handicap, il n’avait pas de place dans la société, pas de droit à aller à l’école, pas de relais pour ses parents, pas de travail possible. Bogdan avait 1000 raisons de laisser grandir sa colère. Il a fait le choix du sourire et de la joie, un choix quotidien pour survivre, un choix rayonnant, comme un pied de nez à la folie humaine. La fermeture des ateliers pendant les temps de covid est une épreuve supplémentaire. Lesia, community leader, nous explique qu’une core-member l’avait remerciée toute une journée d’avoir pu venir à l’atelier, car une réunion entre assistants avait été annulée. Comme un besoin vital de ne pas rester que chez soi. Rappelez-vous votre premier confinement en 2020. Rappelez-vous ces deux mois interminables. Imaginez maintenant s’il avait duré une décennie, ou plus … Vous mesurez la nécessité des communautés de Lviv et de Ternopil (en cours de labellisation). Et si L’Arche n’est pas la seule réponse possible, Lesia nous précise que la liste d’attente est longue, malgré l’effort financier demandé aux familles, pour que la communauté continue d’exister, en attendant mieux.

L’Arche-Kovcheh à Lviv est une organisation non gouvernementale ukrainienne. À ce titre, elle ne peut recevoir aucun financement public. La communauté est financée à 100 % par des dons privés, dont plus de la moitié viennent de l’étranger. En plus de veiller sur les core-members, les assistants et la vie de la communauté, Lesia nous confie penser quotidiennement aux moyens de financer la communauté.

Notre étape auprès de la communauté s’est arrêtée brutalement après la deuxième journée communautaire, à Drohobych. Ce soir-là, la fatigue nous submerge. Nos autotests nous révèle le lendemain, que vaccinés ou pas, nous avons tous le covid avec la même intensité. Nous craignons de ne pouvoir dire au revoir à Myron, aux Bogdan, aux Roman, Anton, Vassil, Nazar, Andryj, Bogdana, Dmytro, Galincka, Olena, Nadia, Nastia, Pedro et Natalia. Ni à Lesia, Olesya, Ola, Anna, Marichka, Dmytro et Yuri qui font un travail exceptionnel pour faire vivre, survivre parfois, la communauté. Toutes ces personnes (oui, majoritairement des femmes) nous impressionnent par leur présence, leur joie de vivre, leur foi et l’énergie qu’elles dégagent. Une puissance communicative, inspirante et nécessaire.

12 jours d’auto-isolement plus tard, nous les retrouvons presque tous à Nazareth et aux Bees, les deux ateliers visités. A Nazareth, nous arrivons juste avant la prière de fin de journée. Moment idéal pour rendre grâce et nous dire « au-revoir ». Nous apprenons aussi que deux autres personnes de la communauté sont malades, dont une est encore hospitalisée lors de notre départ. Nous prions pour eux sur la route de la Lituanie.

L’étape ukrainienne soulevait beaucoup de questions dans la famille. La perte de nos repères, l’accueil joyeux de la communauté, le temps isolé en famille ont été sources de transformations, de cadeaux reçus, de discussions fondatrices en couple et avec les enfants. Nous pouvons dire que nous avons senti l’Amour de Dieu dans les attentions que les uns portent aux autres et dans les soutiens de nos amis ukrainiens et français pendant les temps d’inquiétudes. Nous pouvons dire aussi qu’une part de nous-mêmes est restée attachée à la Communauté de L’Arche à Lviv, si rayonnante.

Christine et Vincent

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